Construire des systèmes alimentaires justes et résilients dans la région arabe

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©FAO Lebanon/Ralph Azar

30/04/2025

La réunion préparatoire régionale arabe pour le Bilan 4 ans après le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires +4 Stocktake s'est tenue les 16 et 17 avril 2025. Co-organisée par le Pôle de coordination des systèmes alimentaires des Nations Unies, la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), l'Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l'Organisation alimentaire mondial (PAM) et la Ligue des États arabes - Organisation arabe pour le développement agricole (AOAD), la réunion a rassemblé des représentants de 15 pays de la région arabe.

Les chefs de gouvernement, la société civile, les chercheurs, les acteurs du Secteur privé et les partenaires de développement se sont réunis autour d'un objectif commun : transformer les systèmes alimentaires de la région pour les rendre plus résilients, inclusifs et durables.

Ancrer les systèmes alimentaires dans les droits, la justice et la résilience

« Environ 40 % de la population de la région arabe était confrontée à une insécurité alimentaire modérée ou grave en 2023, en particulier les femmes et les enfants », a déclaré Rola Dashti, sous-secrétaire générale des Nations unies et secrétaire exécutive de la CESAO. Ce chiffre a rappelé avec force la nécessité d'ancrer la transformation des systèmes alimentaires dans le droit à l'alimentation.

Les participants ont souligné que la faim et la malnutrition, en particulier dans les zones touchées par des conflits, ne doivent pas être considérées uniquement comme des questions humanitaires, mais aussi sous l'angle des droits de l'homme. Les conflits dans la région, notamment en Palestine, au Soudan, au Yémen ou au Liban, freinent les progrès et touchent de manière disproportionnée les ménages les plus vulnérables.

Pour mettre en place des systèmes alimentaires plus justes, il faudra garantir une participation inclusive à la prise de décision et une répartition équitable des ressources, en particulier dans une région fortement touchée par les crises économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et la vulnérabilité au changement climatique, les conflits et la fragilité, ainsi que la dépendance vis-à-vis des importations et la vulnérabilité aux perturbations commerciales.

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Progrès grâce aux partenariats et à l'action nationale

Malgré des défis complexes, les pays de la région arabe réalisent des progrès tangibles. Les voies nationales vers des systèmes alimentaires durables sont de plus en plus intégrées dans des cadres politiques plus larges, notamment des plans de développement, des stratégies nutritionnelles et des feuilles de route agricoles. Les initiatives d'alimentation scolaire, les programmes alimentaires d'urgence et la création de conseils sur les systèmes alimentaires et la nutrition renforcent les structures de gouvernance.

« La région arabe a fait preuve de résilience en intégrant des stratégies alimentaires, des politiques internationales, en renforçant la gouvernance et en réduisant la dépendance tout en renforçant la résilience des communautés », a souligné la vice-Secrétaire générale de l’ONU, Amina J. Mohammed.

Cependant, les participants ont convenu qu'une collaboration plus approfondie était essentielle. « La coopération arabe est cruciale pour relever les défis communs liés à la transformation des systèmes alimentaires », a déclaré Nizar Hani, ministre libanais de l'Agriculture. Abdulhakim Elwaer, sous-directeur général de la FAO et représentant régional pour la région NENA, a fait écho à ce point de vue, soulignant que « nous devons travailler ensemble, car un pays seul ne peut y parvenir ». Le renforcement des partenariats régionaux et interrégionaux, notamment avec l'Afrique voisine, sera essentiel pour amplifier l'impact.

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Débloquer les financements et mettre l'accent sur l'inclusion

Le financement reste un obstacle majeur à la transformation des systèmes alimentaires. Malgré des besoins humanitaires croissants, la région ne reçoit qu'une petite partie de l'aide mondiale. L'écart est considérable : on estime à 127 milliards de dollars le montant nécessaire pour lutter contre la pénurie d'eau. Parallèlement, les petits exploitants, qui jouent un rôle essentiel dans la production alimentaire, continuent de se heurter à des obstacles pour accéder aux services financiers.

Les participants ont appelé à la mise en place de modèles de financement inclusifs, notamment la microfinance, la finance numérique, les partenariats public-privé et une plus grande implication des banques centrales. « Les défis liés à la transformation des systèmes alimentaires nécessitent des politiques agricoles globales et des programmes de coopération régionale efficaces », a souligné Raed Hetr, directeur général adjoint de l'AOAD. Le recours aux financements climatiques disponibles a également été mentionné comme un moyen de soutenir les investissements dans la région arabe aride. Les investissements fonciers étrangers, qui totalisent 1,76 million d'hectares dans la région et se caractérisent par une implication intra-régionale importante, sont également identifiés comme un domaine critique nécessitant une coopération régionale renforcée en matière de normes environnementales et de transparence. De telles mesures sont essentielles pour améliorer la sécurité alimentaire et garantir la durabilité des systèmes alimentaires.

Les discussions ont également porté sur les approches équitables des chaînes d'approvisionnement alimentaire, en mettant l'accent sur l'autonomisation des femmes, des jeunes, des travailleurs agroalimentaires et des personnes handicapées. Les réformes juridiques, les instruments financiers ciblés et les opportunités de leadership pour les groupes marginalisés ont été mis en avant comme des leviers clés pour stimuler l'innovation locale et renforcer la résilience.

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Renforcer le commerce pour assurer la souveraineté alimentaire et une plus grande résilience

Un autre thème récurrent a été la vulnérabilité de la région arabe aux chocs mondiaux des prix alimentaires en raison de sa dépendance vis-à-vis des importations. Afin de renforcer la souveraineté alimentaire et la résilience à long terme, les participants ont appelé à des politiques commerciales plus intelligentes, alignées sur l'agriculture durable, la coopération régionale et l'action pour le climat.

Les propositions comprenaient l'élargissement et l'approfondissement des accords commerciaux régionaux, la réduction de l'escalade tarifaire, le soutien aux marchés informels et le lien entre les politiques commerciales et l'innovation et le développement des PME. Le renforcement des chaînes de valeur régionales a été considéré comme essentiel pour atténuer les chocs externes et mettre en place des systèmes alimentaires résilients.

Une double approche pour les situations d'urgence et le relèvement

Compte tenu de l'exposition de la région aux conflits et aux crises, les participants ont souligné la nécessité de développer une double approche en matière de systèmes alimentaires : l'une axée sur la préparation et la réponse aux situations d'urgence, l'autre sur le relèvement et la reconstruction durables.

« Les systèmes alimentaires ne sont pas un luxe ; ils ont une incidence directe sur la résilience des citoyens arabes », a fait remarquer Rizq Abdul Rahman Salem Salimiya, ministre de l'Agriculture de Palestine. Les participants ont proposé de créer un mécanisme régional pour la relance des systèmes alimentaires afin de soutenir les pays touchés par des conflits grâce à la revitalisation de l'agriculture, la facilitation des échanges commerciaux et la reconstruction institutionnelle, en tirant parti de l'innovation numérique, de l'intelligence artificielle et des systèmes d'alerte précoce pour renforcer la résilience.

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Science, culture et intégration climatique

La science, la technologie et l'innovation ont été identifiées comme des moteurs clés des futurs systèmes alimentaires. L'irrigation de précision, l'agriculture verticale et la planification d'urgence basée sur l'IA sont déjà appliquées dans certaines parties de la région. Cependant, les participants ont également souligné l'importance de préserver les atouts culturels, tels que les aliments locaux, les industries traditionnelles et les systèmes de soutien social, en tant que fondements de la résilience et de l'identité.

L'intégration de la transformation des systèmes alimentaires dans les stratégies nationales d'adaptation au changement climatique a été jugée urgente, notamment grâce à un accès élargi au financement climatique. Les participants ont également appelé à une participation plus forte de la société civile afin de responsabiliser les institutions et de promouvoir des systèmes alimentaires durables et équitables, tant au niveau national que communautaire.

Perspectives pour le Bilan 4 ans après le Sommet sur les systèmes alimentaires

Alors que les préparatifs s'intensifient pour le Bilan 4 ans après le Sommet sur les systèmes alimentaires, la dynamique s'accélère pour passer du dialogue à la mise en œuvre. Le Stocktake représente un moment charnière pour la région arabe afin d'aligner les stratégies, de débloquer des investissements et d'accélérer une transformation des systèmes alimentaires fondée sur la résilience, l'inclusion et la justice.

Le Pôle de coordination des Nations Unies sur les systèmes alimentaires a réaffirmé son engagement à soutenir la région dans ce processus. « Nous souhaitons coordonner les efforts arabes, sur le plan technique et financier, afin de soutenir les initiatives nationales en matière de systèmes alimentaires dans la perspective du Bilan 4 ans après le Sommet sur les systèmes alimentaires », a déclaré Khaled Eltaweel, du Pôle de coordination des Nations Unies sur les systèmes alimentaires.

Les décisions et les engagements pris aujourd'hui seront essentiels pour façonner un avenir où la sécurité alimentaire, la durabilité et la prospérité partagée ne sont pas seulement des aspirations, mais des réalités dans toute la région arabe.

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