Les dialogues nationaux font progresser la convergence entre climat et alimentation à Madagascar

Madagascar prend des mesures pour mieux aligner ses systèmes alimentaires et ses programmes d'action pour le climat. Les 8 et 9 juillet, un dialogue national de haut niveau organisé par le ministère de l'Agriculture et de l'Élevage, en étroite collaboration avec le ministère de l'Environnement et du Développement durable, a réuni les principales parties prenantes impliquées dans la transformation des systèmes agroalimentaires et l'action pour le climat. Plus de 80 participants ont pris part à cette réunion, notamment des représentants de haut niveau de plusieurs ministères (voir note de fin), le Point focal national pour la CCNUCC, ainsi que des représentants de la FAO, du PAM, de l'UNICEF et du Bureau du Coordonnateur résident des Nations Unies, tandis que le Pôle de coordination des Nations Unies sur les systèmes alimentaires et 4SD ont participé virtuellement. La Coalition pour l'éradication de la faim a animé une session consacrée aux progrès réalisés dans la transformation agroalimentaire pour lutter contre le changement climatique.
Ce dialogue national est le deuxième à se tenir à Madagascar dans le cadre de l'Initiative pour la convergence soutenue par le Pôle de coordination des Nations Unies sur les systèmes alimentaires. Au cours du deuxième dialogue national, les participants ont défini les mesures d'atténuation et d'adaptation à inclure dans la contribution déterminée au niveau national (CDN) du pays au titre de l'Accord de Paris. Ils ont également élargi la portée de l'initiative nationale pour y inclure la désertification, établissant ainsi un lien entre la dégradation des terres et les systèmes alimentaires, et ont renforcé le Groupe de travail national pour la transformation des systèmes alimentaires, une plateforme permanente chargée de suivre le plan de convergence.
Adhésion à l'Initiative pour la convergence
Compte tenu de sa vulnérabilité aux conséquences du changement climatique et de son niveau élevé d'insécurité alimentaire, Madagascar a adhéré à l'Initiative pour la convergence avec le soutien de son Groupe de travail national sur les systèmes alimentaires.
À Madagascar, 75 % de la population n'a pas accès à une alimentation saine et nutritive, et plus de 1,9 million de personnes sont actuellement confrontées à une insécurité alimentaire aiguë, en particulier dans les régions du sud, où les effets du climat sont les plus graves. Si le secteur agricole mondial génère plus d'un tiers des émissions de gaz à effet de serre, il recèle également un immense potentiel de solutions, grâce à des pratiques agricoles durables, à l'agroforesterie et à l'innovation technologique. Cela constitue un argument de poids pour que Madagascar redouble d'efforts afin de faire converger ses programmes agroalimentaires et climatiques.
Lors du deuxième dialogue national, Gaëtan Ramindo, secrétaire général du ministère de l'Agriculture et de l'Élevage, a souligné la vulnérabilité structurelle de Madagascar face aux multiples chocs climatiques. « L'insécurité alimentaire persistante dans plusieurs régions, en particulier dans le sud, est un symptôme direct de notre exposition croissante aux risques climatiques. Il est urgent de s'attaquer aux causes profondes en intégrant pleinement l'adaptation et la résilience dans la transformation de nos systèmes alimentaires », a-t-il expliqué.
Le représentant de la FAO, Charles Boliko, a approuvé cette déclaration et souligné l'importance d'une approche intégrée. Selon lui, « une approche multisectorielle est essentielle. Les systèmes alimentaires sont à la fois vulnérables au changement climatique et contributeurs aux émissions. Il est crucial de s'attaquer simultanément à ces deux aspects ».
S'appuyer sur le premier dialogue national
Le premier dialogue national de convergence, organisé début 2025, a lancé le processus de synchronisation des cadres politiques du pays en matière d'action pour le climat et de transformation des systèmes alimentaires, dans le but de maximiser les synergies et de réduire les doubles emplois. Il a intégré les systèmes alimentaires dans la CDN et la Stratégie nationale pour la biodiversité, qui sont toutes deux en cours d'actualisation, et a incorporé le climat dans le plan d'action de la feuille de route nationale pour la transformation des systèmes alimentaires.
Comme l'a souligné David Nabarro, membre du Groupe consultatif des Nations unies sur les systèmes alimentaires, « l'Initiative pour la convergence vise à promouvoir des actions synergiques, à respecter l'Accord de Paris et, surtout, à éviter les doubles emplois, tout en mobilisant les ressources et les capacités de tous les secteurs pour atteindre des objectifs communs. Il est essentiel de mettre en place une gouvernance solide, de permettre la mise en œuvre d'actions intégrées, d'aligner les politiques et de tracer une voie claire pour l'avenir. »
Déployer des solutions à plus grande échelle
Au cours du deuxième dialogue national, les participants ont discuté de solutions locales. Il s'agit notamment de systèmes d'irrigation intelligents face au climat pour les zones arides et de l'introduction de semences résilientes comme le moringa. Cependant, le déploiement à plus grande échelle de ces solutions est entravé par l'accès limité au financement.
L'accès aux marchés du carbone a été cité comme un exemple de mécanisme de financement utilisé par le secteur privé. Cependant, Omer Ralaivao, point focal national de Madagascar pour la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), a appelé à un accès plus large à ces marchés pour les entités publiques. « Les initiatives publiques doivent également bénéficier du marché du carbone. Il s'agit d'une opportunité majeure pour financer une transformation agroécologique alignée sur nos objectifs climatiques », a-t-il souligné.
Besoin de coordination et d'appropriation
Au-delà des solutions techniques, la gouvernance, la coordination multisectorielle à tous les niveaux et la mobilisation communautaire sont apparues comme essentielles pour réussir.
Selon Lié Maminiana, du Shamba Centre for Food & Climate, « pour garantir la durabilité de la transformation des systèmes alimentaires, il n'est pas nécessaire de multiplier les structures, mais plutôt de renforcer celles qui existent déjà, comme le Groupe de travail national. En mettant l'accent sur la coordination, le partage des responsabilités et l'appropriation locale, nous pouvons avoir un impact réel ».»
Ce point a été renforcé par la professeure Marie Danielle Vololontiana, coordinatrice du Bureau national de la nutrition, qui a également appelé à l'appropriation locale. Elle a souligné que « la coordination doit se faire du plus haut niveau jusqu'au village, voire jusqu'à l'individu. Ce n'est qu'ainsi que les populations pourront adopter des pratiques durables et des régimes alimentaires diversifiés ».
L'accès à la terre pour les petits exploitants et une meilleure utilisation des outils d'aménagement du territoire ont également été identifiés comme des leviers essentiels pour ancrer la transformation des systèmes alimentaires durables dans les réalités locales.
Identification des priorités stratégiques
Les participants ont identifié cinq priorités stratégiques dans le cadre de l'Initiative pour la convergence du pays. Il s'agit des priorités suivantes
- Garantir une approche inclusive et intersectorielle
- Promouvoir l'innovation technologique pour des pratiques résilientes
- Renforcer la coordination nationale à travers des plateformes telles que le Groupe de travail national sur les systèmes alimentaires
- Intégrer le marché du carbone dans les projets agricoles (article 6 de la CCNUCC)
- Mobiliser le secteur privé dans la mise en œuvre des actions de convergence.
Dans un deuxième temps, le Groupe de travail national sur les systèmes alimentaires élaborera un plan de mise en œuvre de la convergence, sur la base des priorités stratégiques identifiées.
Ces priorités clés seront présentées lors du prochain Sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires (Bilan 4 ans après le Sommet sur les systèmes alimentaires), où les représentants de Madagascar partageront également le modèle national pour relever les défis liés au climat et à la sécurité alimentaire.
« À seulement cinq ans de l'échéance fixée par les ODD des Nations unies, nous ne pouvons plus nous permettre d'agir en vase clos. La convergence des systèmes alimentaires et du climat n'est pas une option, c'est une nécessité. Nous devons mobiliser toutes les forces, publiques et privées, pour réaliser cette transformation vitale », a conclu Ianja Raolisoa, point focal national pour les systèmes alimentaires à Madagascar, à l'issue du dialogue.
Note finale :
Plusieurs hauts responsables gouvernementaux ont participé au dialogue, notamment : le secrétaire général du ministère de l'Agriculture et de l'Élevage, le secrétaire général du ministère de la Pêche et de l'Économie bleue, le secrétaire général du ministère de l'Environnement et du Développement durable (représenté par le point focal national pour la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques), le coordinateur général des projets du ministère chargé de la Décentralisation, de l'Aménagement du territoire et des Affaires foncières, le coordinateur national de l'Office national de la nutrition (ONN), un représentant du ministère de la Santé publique, un représentant du ministère de l'Industrie et du Commerce, un représentant du ministère de la Population et de la Protection sociale, un représentant du ministère de l'Économie et des Finances, un représentant du ministère des Travaux publics et un représentant du ministère de l'Eau, de l'Assainissement et de l'Hygiène.