Transformer les systèmes alimentaires pour rester dans les limites de la Terre

Pouvons-nous nourrir la population mondiale sans nuire à la planète ? Telle était la question centrale abordée lors d'un webinaire mondial organisé le 29 avril 2025 par le Comité scientifique consultatif (CSC) du Pôle de coordination des Nations Unies sur les systèmes alimentaires. Les systèmes alimentaires contribuant au changement climatique, à la perte de biodiversité et au stress hydrique, tout en ne parvenant pas à fournir une alimentation saine à tous, la discussion a porté sur ce à quoi pourrait ressembler une véritable transformation.
Organisé sous le thème « Transformer les systèmes alimentaires pour revenir aux limites de la Terre », l'événement a réuni des scientifiques, des décideurs politiques et des praticiens afin d'examiner comment les systèmes alimentaires peuvent répondre aux besoins humains sans dépasser les limites écologiques. La discussion s'est appuyée sur les conclusions du récent document d'orientation du SAC, qui présente des stratégies visant à aligner les systèmes alimentaires sur les limites planétaires tout en favorisant l'équité et la résilience.
La conversation a commencé par reconnaître l'ampleur du défi. Les systèmes alimentaires font vivre plus d'un milliard de personnes grâce à des emplois et des moyens de subsistance, mais ils sont également à l'origine de pressions environnementales importantes. Pour aller de l'avant, les intervenants ont souligné la nécessité de passer de solutions isolées à des approches plus connectées qui relient la production alimentaire, la santé publique, l'environnement et l'équité.
Ce type de transformation implique l'adoption d'une « approche nexus », qui prend en compte les relations entre la santé de la planète, le bien-être humain et la justice sociale. Cela implique de rendre la science plus exploitable, de travailler de manière interdisciplinaire et de concevoir des solutions ancrées dans les réalités locales.
Un autre point essentiel était que les objectifs environnementaux doivent aller de pair avec des considérations sociales et économiques. Par exemple, la réduction de l'utilisation d'engrais peut être bénéfique pour les écosystèmes, mais les politiques doivent également tenir compte de l'impact sur les petits exploitants ou l'emploi rural. Des stratégies adaptées au contexte local peuvent aider à répondre à la fois aux préoccupations environnementales et à celles liées à l'équité.
La santé publique était également un thème central. Les systèmes alimentaires sont étroitement liés à la nutrition et aux maladies non transmissibles, et leur amélioration pourrait avoir un impact significatif sur les résultats en matière de santé. Les participants ont discuté de l'importance de s'éloigner des calories vides afin de garantir que les aliments soient à la fois nutritifs et durables.
Bien que la complexité des systèmes alimentaires puisse rendre le changement intimidant, les intervenants ont mis en avant des points de départ concrets : l'éducation et l'engagement des jeunes, un dialogue scientifique et politique plus fort, et l'utilisation d'outils numériques pour adapter les stratégies mondiales aux conditions locales.
L'événement a bénéficié des contributions de :
- Dr Nicole DePaula, Pôle de coordination des Nations Unies sur les systèmes alimentaires
- Dr Shakuntala Haraksingh Thilsted, présidente du SAC
- Dr Jean-François Soussana, coprésident du SAC et INRAE
- Professeur Thomas Hertel, Université Purdue
- Professeur Olanike K. Adeyemo, Université d'Ibadan
- Professeur Akiko Suwa-Eisenmann, HLPE-FSN
La discussion a clairement montré que la transformation des systèmes alimentaires est à la fois nécessaire et possible, la coopération entre la science, la politique et les communautés jouant un rôle essentiel dans l'élaboration de solutions qui fonctionnent pour les populations et la planète.